Je sors de mon silence avec prudence…
L’environnement est tellement incertain que j’avance à pas comptés sur des sables mouvants et encore dans le brouillard... Je tente de percevoir des signaux émergents ou de deviner les formes dissimulées, pas encore affirmées, que prendront les prochains mois. Personne, d’après ce que j’ai entendu, n’a de clarté sur l’été ni la rentrée... Les repères sont flous, changeants voire inexistants !
Alors, à ma mesure, je mène avec assiduité mon chantier intérieur, travail auquel je m’attelle avec attention et persistance. Ce confinement, qui me met en vacances d’animations jusque mi-septembre, a laissé de l’espace et du temps à des introspections, à une écoute fine et intime, et à une spiritualité renouvelée. Ce chemin est exigeant, pas toujours confortable, et tellement enrichissant.
Pour en dévoiler une partie je vous confie que je suis toujours dans le creux du U (ceux qui connaissent la théorie d’Otto Scharmer reconnaitront le mouvement Presencing qui consiste à se connecter à sa source d’inspiration et de volonté).

La théorie du U de Otto Scharmer
Cheminement lent
Je chemine lentement...et passe par des deuils propices à des renaissances. Je vis un profond travail d’accueil et de discernement, de filtration et de transformation...
À l’écoute de mon cœur et de mon corps, j’apprends à percevoir de mieux en mieux d’une part les émotions et inconforts qui m’appartiennent et d’autre part ceux qui me traversent. Ces derniers sont ces courants collectifs, des forces, des croyances et des impulsions, qui le plus souvent sont mus par la peur ou la colère, et qui viennent nous bousculer ou dans lesquels nous sommes immergés peu ou prou selon notre sensibilité.
Humblement, à mon échelle, « j’observe et j’essaie d’accueillir ces grandes forces qui traversent la conscience. Je constate qu’elles ne m’appartiennent pas et que je peux à ma mesure les transformer et faire qu’elles deviennent plus paisibles et plus douces, qu’elles soient des forces de Vie inspirant de nouvelles créations » dit Sri Lanzamalto*.
Ceci est un long et patient travail individuel qui sert le collectif et qui consiste à transmuter intimement tout ce qui est semé… La surabondance d’informations (vraies et/ou fausses) est destinée à anesthésier, à endormir les esprits ou à enflammer les émotions et à générer des réactions …parfois explosives !
Cette transformation a infiniment de sens selon moi dans un travail d’intelligence collective. Ce dernier est si nécessaire aujourd’hui pour servir l’alliance et pour ne pas s’adonner aux mouvements d’opposition et de séparation si fortement attisés.
« Vous n’êtes pas une goutte d’eau dans l’océan, vous êtes l’océan tout entier dans une goutte d’eau » a dit Djalâl Al-Dîn Rûmi*.
Voilà ce qui m’occupe en attendant de retrouver l’équipe d’animation élargie du Cycle des Pionniers à la fin de ce mois de juin pour préparer la rentrée et redynamiser notre Cycle des Pionniers enrichi de nos expériences singulières et de nos métamorphoses. Et en ces temps de transformation, j’ai aimé lire ou relire :
- « Une autre fin du monde est possible (vivre l’effondrement et pas seulement y survivre) » de Pablo Sevigne, Raphael Stevens et Gauthier Chapelle,
- « Je chemine avec Gilles Clément » de Gilles Clément, amoureux de la nature et paysagiste qui a créé le concept du « jardin en mouvement ».
J’espère que ces lignes et repères vous aideront à traverser ces temps chaotiques et vous inciteront à écouter votre être profond pour répondre à vos aspirations, pour vous choisir et vous réjouir des surprises que la Vie réserve encore… je vous souhaite de vous émerveiller quoi qu’il arrive !
A très bientôt, de tout cœur,
Charlotte

Djalâl ad-Dîn Rûmî dit Rûmi
*Djalâl Al-Dîn Rûmi dit Rûmi est considéré comme le plus grand poète mystique de la langue persane et l'un des plus hauts génies de la littérature spirituelle universelle. Né le 30 septembre en 1207, à Balkh (aujourd'hui en Afghanistan), il vécut la plus grande partie de son existence en Turquie. Son œuvre principale demeure le Mesnevi, recueil de quelque cinquante mille vers. Sa philosophie, sa morale, sa doctrine mystique y sont contenues. Henry Corbin en parle comme du « Coran persan ».
Rûmî est mort le 17 décembre 1273, à Konya, où son tombeau fait l'objet d'une grande vénération. En savoir plus...